Wissembourg Seebach / Citoyen d'honneur
Claude Vigée sur les traces de son passé
Ce dimanche restera une journée mémorable pour
Seebach qui vient de nommer Claude Vigée citoyen d'honneur du village.
Journée riche et dense organisée par son ami Jean Paul Ehrismann, en
collaboration avec la commune et l'union des associations de Seebach.
Claude Vigée a répété à l'envi : « Bischwiller, Jérusalem un
Seebach, schunch gibt's nix » : c'est le plus beau cadeau que
ce poète à l'aura internationale pouvait faire à l'Alsace du Nord qu'il a
dû quitter à regret dans des circonstances dramatiques en 1940.
Parcourant les rues en calèche, Vigée a
pu s'entretenir avec les plus anciens
Ses grands-parents maternels Léopold et Sarah Meyer avaient déjà
quitté Oberseebach à regret en 1910 pour s'installer à Bischwiller, mais
son grand père y est revenu régulièrement entre les deux guerres avec son
petit fils Claude -entre ses 7 et ses 15 ans- qui n'en a gardé que de bons
souvenirs, retracés dans « Un panier de houblon » et « La
maison des vivants ».
Cette journée n'a connu que des
moments forts : le tour de Seebach en calèche, la rencontre avec les
descendants de la famille voisine et amie Weber, la maison de ses grands
parents Léopold et Sarah où a été dévoilée une plaque commémorative, la
réception à la mairie et sa nomination comme citoyen d'honneur de Seebach,
puis l'après-midi de lectures de ses poèmes.
En parcourant les rues en calèche, Vigée a pu s'entretenir avec les plus anciens, prendre en
main des photos jaunies de personnes qu'il a connues, se voir offrir par
la famille Bauer les photos de leurs aïeux, amis inoubliables de la
famille, passer devant l'ancienne synagogue, se recueillir sur les tombes
de ses contemporains morts durant la guerre qui l'aura marqué à
vie.
La visite de la maison de ses grands-parents, maison natale
de sa mère, actuellement maison Hummel dans le "Dicke Deich" a suscité une
forte émotion. Le dévoilement de la plaque commémorative va enrichir
l'histoire de Seebach et garder la mémoire des familles juives qui y ont
vécu. Claude Vigée a retracé la vie de son grand-père, vrai paysan juif,
ses anecdotes et a vu où dormaient leurs cinq enfants dans la même chambre
à l'étage. Il a cité Goethe quand il dit que l'homme doit être noble.
« Edel sei der Mensch ! »
Lors de la réception à la mairie, le premier magistrat Théo Schimpf a relevé « la confiance
inaltérable de Claude Vigée dans la vie, malgré la violence de l'Histoire ».
Il lui a remis un cadeau très personnel : l'original du
journal intime de Rose Itzig, membre de la communauté juive et de la
famille du poète, tenu de 1939 à 1944 en Haute-Vienne. Au nom de l'UAS,
Olivier Weissbeck a offert à Claude Vigée les deux tomes retraçant Seebach
et son histoire.
L'après-midi, le restaurant La vielle grange a
tressailli des extraits du « Panier de houblon » lus par des
amis artistes, dont chaque phrase a retenti comme autant de retours sur
image.
Un pan de l'histoire du village, à travers les yeux d'un voyageur
Les poèmes étaient complétés par les chants de la 'Maïstub' créée
dans les années 80 par Lucien Koebel, autre poète originaire de Seebach.
Une chanson de Sylvie Reff a retracé la destinée du monde juif en Alsace
de façon poignante.
Claude Vigée a clos les lectures pour finir
avec un poème inédit écrit le 31 mars 2009 : « Le prunellier
d'Evy ». Le recueillement était au diapason et les applaudissements
n'en étaient que plus sincères.
Cette journée aura permis de
revivre un pan de l'histoire du village à travers les yeux d'un voyageur,
« professeur de vie à la grande École de l'histoire humaine ».
F. R.
Dernières Nouvelles
d'Alsace - Édition du Jeu 23 avril. 2009
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Claude Vigée a parcouru les rues en calèche et retrouvé ses souvenirs à Seebach.(Photo DNA)
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