Claude Vigée devient citoyen d'honneur

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Claude Vigée devient citoyen d'honneur

 « Ce qui se passe aujourd'hui à Seebach, c'est une expérience émouvante et pleine de joie pour moi. Si, de l'au-delà, quelque chose parvenait à mes grands parents, Léopold et Sarah Meyer, alors ce serait une grande fête... »

 Évoquant Léopold, « a Jid vum Land, un vrai paysan juif alsacien, capable de porter sur les épaules un sac de grain de 50 kilos », il a trouvé les mots justes pour exprimer le lien fort qui l'unissait, enfant, à son aïeul.
 Un homme qui citait Goethe « edel sei der Mann » -un voeu appelant de la noblesse dans tout homme-, avalait dans ses vieux jours une gorgée de kirsch le matin et chantait « Seebach, du bisch min Paradis »...
 Avec ses cheveux blancs comme neige et son sourire tendre, Claude Vigée, qui vient d'ajouter la bourse Goncourt de la poésie 2008 à sa longue liste de prix littéraires, n'est pas du genre à snober les plaisirs simples.
 Sous un ciel bleu azur où volaient des cigognes, le poète, accompagné de sa fille et son gendre, a ainsi fait un pèlerinage dans les rues bordées de fermes à colombages. Assis sur un char à bancs tiré par deux magnifiques chevaux noirs, guidés par deux cochers, il a vu l'emplacement de la synagogue, avant que la petite communauté juive rurale ne s'envole vers les villes.
 Et les maisons dans lesquelles il rendait des visites avec son grand-père. Celle de la servante catholique qui aida pendant 25 années sa grand-mère tout en ayant « appris la prière du soir en hébreu pour la faire réciter aux enfants » et aussi les secrets de la cuisine judéo-alsacienne. Fidélité d'hier et d'aujourd'hui...
 Claude Vigée (vie-j'ai) s'est choisi un patronyme littéraire en hommage à la vie à laquelle il voue sa « reconnaissance devant tout ce qu'elle m'a accordée ». Né Claude Strauss en 1921 à Bischwiller, l'écrivain est déjà honoré par cette ville..


 « Professeur de vie »

 De Seebach, celui qui fut professeur de littérature à Boston et à Jérusalem après avoir échappé à la Shoah, n'est pas reparti les mains vides. Il a reçu de Marlise Wagner, la généalogie de sa famille maternelle, de la commune, un diplôme de citoyen d'honneur décoré par l'artiste Jean-Paul Ehrismann et du maire, un humble carnet.
 Ce carnet, a été écrit en allemand gothique pendant l'évacuation dans le Limousin par celle qu'on appelait S'Itzig Rose, la dernière femme juive à avoir habité à Seebach. Théo Schimpf qui se rappelait avoir été jadis chouchouté par la vieille dame, a transmis avec autant d'émotions ce précieux document que Claude Vigée en le recevant.
 « Professeur de vie à la grande école de l'histoire humaine » (comme il est écrit sur la plaque dévoilée par le maire honoraire, Raymond Weissbeck), Claude Vigée n'a pas hésité à prendre le micro à la mairie et au restaurant la Vieille Grange.
 Récitant en français et en alsacien d'anciens et de nouveaux poèmes, citant Isaïe, écoutant chanter en alsacien les choristes de la Maistub. Prenant plaisir à entendre des amis, comme Sylvie Reff, Aline Martin ou Jacques Goorma, lire des pages palpitantes de vie de « Un panier de houblon » ou d'autres de ses ouvrages.

M. B-G

Dernières Nouvelles d'Alsace - Édition du Mar 21 avril. 2009
Claude Vigée, 
      entouré de son gendre et de sa fille
      Claudine, a été accueilli dans la 
      maison où vivaient
      ses grands-parents jusqu'en 1910.
      (Photo DNA - François 
      Rohmer)
Claude Vigée, entouré de son gendre et de sa fille
Claudine, a été accueilli dans la maison où vivaient
ses grands-parents jusqu'en 1910.
(Photo DNA - François Rohmer)
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