La saga autour de l'ancien haras de Strasbourg

Strasbourg
Chronologie

Un dossier mené au galop

 

 A partir du XVIIIe, le site de la rue Sainte-Elisabeth accueille l'académie d'équitation puis le haras royal.
En mars 2005, les étalons quittent la rue Sainte-Elisabeth. Les locaux seront définitivement inoccupés quelques mois plus tard, en janvier 2006. La précédente municipalité évoque par la suite l'installation d'un Centre d'études internationales de la propriété industrielle (CEIPI) ou celle de l'Institut national des études territoriales (INET). Aucune de ces hypothèses ne se concrétise.
 En décembre 2008, un autre projet, porté cette fois par Jacques Marescaux, président de l'Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif (Ircad), refait surface lors de l'assemblée générale de l'association des Amis du Vieux Strasbourg. « Ce projet est dans l'air du temps », assure à l'assemblée l'adjoint de quartier Jean-Jacques Gsell.
 En juillet 2009, à la veille d'un conseil municipal décisif, Guillaume Baumgartner, un chef d'entreprise strasbourgeois, regrette dans ces colonnes que son projet alternatif, qui prévoit notamment le maintien d'une activité équestre sur le site, n'ait jamais été présenté à l'ensemble des élus.
 Le 6 juillet 2009, le conseil municipal approuve à l'unanimité le principe d'une collaboration avec l'Ircad en vue de la reconversion de l'ensemble de la rue Sainte-Elisabeth. Evalué à près de 20 millions d'euros, le projet sera financé à plus de 80 % par des fonds privés. Il regroupera un biocluster, une pépinière de 17 entreprises accueillies pour 3 ans maximum ; un hôtel 4 étoiles de 60 chambres, géré par Jean-Maurice et Jean-Pascal Scharf (Régent - Petite-France, Régent-Contades, Cour du Corbeau) ; un restaurant géré, lui, par Marc Haeberlin (l'Auberge de l'Ill à Illhaeusern). Denu et Paradon seront en charge du volet architectural.
 Le 14 octobre 2009, le conseil municipal vote, à l'unanimité et sans intervention préalable, la désaffection et le déclassement du domaine public municipal de l'ancien haras. Le site passe ainsi du domaine public au domaine privé de la ville : les bâtiments cessent d'être inaliénables. C'est une étape vers la location de l'ensemble à l'Ircad, dans le cadre d'un bail emphytéotique - un bail de longue durée, conclu dans des conditions favorables au preneur, qui s'engage à effectuer les travaux de rénovation.
 Le 5 novembre, saisi par la ville, le conseil de quartier Gare-Kléber (canton 2) se prononce contre la mise à disposition, par un bail emphytéotique, de l'ancien haras à l'Ircad. Vingt présents au début de la réunion pour 7 voix « contre », 5 « pour » et 4 abstentions au moment du vote.
 Le mois prochain, le conseil municipal doit examiner le montage juridique et financier du projet de l'Ircad - durée et montant du bail, nature des autorisations qui l'accompagnent etc.

Manuel Plantin

Un CoQ rue dans les brancards

 Le conseil de quartier (CoQ) Gare-Kléber s'est prononcé, le 5 novembre dernier, « contre » la mise à disposition de l'ancien haras à l'Ircad (*). Le maire devrait rencontrer bientôt le conseil pour lui exposer la démarche de la municipalité. Pas question, néanmoins, de faire marche arrière.

  « Une pépite. » C'est ainsi que le premier adjoint Robert Herrmann qualifie le projet de reconversion de l'ancien haras porté depuis des mois par l'Ircad (*). Pas question, dès lors, de trop tergiverser dans le dossier. L'avis négatif du conseil de quartier (CoQ) Gare-Kléber rendu en plénière, le 5 novembre dernier, sur le projet, n'y change pas grand chose.
  « Dans cette bataille technologique, soit on saisit l'opportunité qui se présente. Soit on regarde l'Ircad réaliser son projet en Corée ou aux Etats-Unis - et ce serait un drame. On a loupé suffisamment de gros dossiers en Alsace pour ne pas prendre ce risque », avance Robert Herrmann.

  « Le pourcentage de surfaces commerciales est disproportionné »

 Paradoxalement, l'avis du CoQ ne dit, sur ce point, pas autre chose. « Le rayonnement mondial de l'Ircad est bon pour Strasbourg. Et la réhabilitation du haras doit se faire. Personne au sein du conseil ne le conteste », insiste Arnaud Weber, membre du bureau.
  « En revanche, il nous semble déloyal de lier le projet, qui pourrait se faire ailleurs à Strasbourg, à la réhabilitation. De même, nous regrettons de ne pas avoir eu le choix entre plusieurs solutions. Là, on nous a soumis tardivement un projet déjà ficelé », poursuit-il.
  Ça, c'est pour la méthode. Cela dit, les griefs du conseil ne s'arrêtent pas là. « Le pourcentage de surfaces commerciales est disproportionné », assène en effet l'analyse du projet figurant dans le compte-rendu de la séance du 5 novembre.
  Et le CoQ de pointer entre autres « la privatisation trop importante d'un tel espace », « la longueur excessive du bail », « les contreparties (loyer, usage d'intérêt général) nettement insuffisantes ».

« Cet avis n'a, de toute façon, pas beaucoup de valeur »

 Jacques Marescaux, président de l'Ircad, ne s'inquiète pas outre mesure pour son « bé bé ». « Cet avis n'a de toute façon pas beaucoup de valeur. Il semble que le quorum n'était pas atteint au moment du vote », pointe-t-il. « Nous avons le soutien du président des Diaconesses, de la direction de Lucie Berger et du syndic de la copropriété voisine des haras. Ça me semble beaucoup plus important. »
  Au final, le professeur « n'arrive même pas à imaginer » qu'on revienne en arrière. « Le conseil municipal a voté deux fois à l'unanimité : je n'y comprendrais plus rien. »

Leur expliquer pourquoi la collectivité tient à ce projet

 S'il n'envisage pas de remettre en cause le projet, Robert Herrmann fait amende honorable en matière de méthode. « Le projet est arrivé sur le bureau du conseil de quartier après deux votes en conseil municipal. On est pris en défaut, il faut qu'on cogite et qu'on associe les CoQ à notre réflexion plus en amont », reconnaît l'élu. « En attendant, le maire devrait rencontrer bientôt le conseil Gare-Kléber. Il souhaite leur expliquer pourquoi la collectivité tient à ce projet. Et rappeler qu'il est, à l'heure actuelle, le seul viable. »
  La rencontre est prévue le 23 novembre prochain.

Manuel Plantin

(*) Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif.

Quid du quorum ?

 Jacques Marescaux, président de l'Ircad (*) estime que cet avis négatif n'en est pas un, parce que le quorum n'était pas atteint au moment du vote. En clair, il n'y avait plus assez de membres présents pour que l'avis rendu par le CoQ ait une valeur.
  Sans fixer de quorum à atteindre, la charte de fonctionnement des conseils énonce : « Chaque membre dispose d'une voix et ne peut pas être représenté. A défaut de consensus, les décisions sont prises par vote à la majorité des membres présents. » Avec 20 membres présents sur 33 au total le 5 novembre, l'avis négatif semble donc valide : 12 personnes ont voté, 4 se sont abstenues.
  Pour compliquer le tout, le guide du conseiller de quartier, édicte p. 31, qu'« un quorum de 50 % doit être respecté pour que le vote soit recevable ».
  Pour Robert Herrmann, le débat n'a pas lieu d'être : « Le problème n'est pas de nature juridique, notamment parce qu'il s'agit d'un avis purement consultatif. La municipalité reconnaît cet avis comme valable et négatif. »

Manuel Plantin

Dernières Nouvelles d'Alsace - Édition du Mer 18 nov. 2009

L'ancien Haras est inocupé depuis 2005

L'ancien Haras est inocupé depuis 2005.
(Photo DNA - Bernard Meyer)
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  Conseils de quartier, mode d'emploi

Les conseils de quartier sont des instances indépendantes qui
disposent d'un budget de fonctionnement autonome.
Ses membres organisent eux-mêmes les débats autour de
projets qui leur ont été éventuellement soumis ou de tout
autre sujet d'intérêt collectif intéressant un quartier.
Leurs avis sont ensuite annexés aux délibérations du conseil
municipal de sorte que les élus puissent en prendre
connaissance avant de formuler une décision ou de rendre un vote.
Mais la possibilité est également laissée à ces conseils d'alerter
les élus sur des questions spécifiques.
Depuis décembre 2008, Strasbourg compte 10 conseils de quartier.





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